Jouissance créatrice autour du signe onomastique dans Le Terrain Bouchaballe
Marie-Claire Durand Guiziou
Avec la collaboration d’Hélène Henry
Ed. L'Harmattan. Paris
Un nouveau regard sur Le Terrain Bouchaballe, l’œuvre romanesque qui a occupé Max Jacob pendant plus de vingt ans, apporte un éclairage original dans la double approche de la genèse et de l’onomastique littéraire. Le lecteur-narrataire, invité à pénétrer gaillardement dans le microcosme polyphonique de Guichen, alias Quimper, va s’imprégner des commérages et embrouillaminis de la ville fictive. À l’ami Picasso, Jacob avait écrit le 14 septembre 1918 : « […] mais la géographie, science de la fantaisie unie à la rectitude a le droit à des renversements drôlatiques. » Sujet à des volte-face cocasses, l’affaire du « terrain » à Guichen va se lire à travers le prisme d’une nomination ironique où toponymes et anthroponymes fictionnels opèrent comme autant de signes porteurs de sens et susceptibles d’enfreindre la linéarité du texte. Cette nomination n’en laisse pas moins sourdre toute sa musique textuelle et imprime son tempo à la société « bouchaballesque » construite à l’aune d’un travestissement affectif, celui d’un Max Jacob onomaturge.
© Ed.